Voilà plusieurs années que l’enseignement supérieur utilise les innovations technologiques et le numérique pour améliorer ses méthodes et son offre auprès des étudiants. Avec l’avènement du e-learning et la multiplication des systèmes informatiques imaginés pour accompagner certains apprentissages, la question de l’intelligence artificielle au service de l’éducation se pose.
L’apprentissage collaboratif
Afin de multiplier les ressources pédagogiques proposées aux étudiants, les chercheurs de l’enseignement supérieur ont de plus en plus recours aux big data et aux nouveaux systèmes informatiques. L’idée est de proposer une pédagogie la plus adaptée à chaque profil d’apprenant, et les nouvelles technologies permettent de faciliter ce type d’approches.
Comme l’explique Catherine Faron-Zucker, maître de conférences à l’université de Nice-Sophia-Antipolis et référente scientifique du learning lab d’Inria, certaines applications se prêtent particulièrement au secteur de l’éducation. Pour elle, « il faut représenter et raisonner sur des préférences explicites données par les apprenants, mais aussi analyser leurs traces d’activité pour enrichir leur profil. Ce sont les learning analytics. ».
Elle évoque également l’apprentissage social, une nouvelle façon d’apprendre en misant sur des pratiques collectives. À l’image de l’entreprise, on offre à l’apprenant un « environnement d’apprentissage collaboratif », dans lequel il peut échanger avec les professeurs et les autres élèves, profiter de recommandations de ressources…
La France en retard ?
Voilà plusieurs années que le Canada, la Suisse ou encore les États-Unis proposent des pédagogies qui intègrent une notion d’intelligence artificielle. Cela s’explique par le fait que les chercheurs collaborent facilement, quelle que soit leur discipline. En France, Catherine Faron-Zucker explique que « la pluridisciplinarité passe nécessairement par le montage de projets entre différentes équipes de recherche ».
De plus, même si la France a fait un véritable effort concernant le développement des Moocs, les États-Unis sont davantage en avance, en raison principalement de la nature même de leur enseignement, majoritairement privé.
Autre raison de ce retard, la raison de la confidentialité des données. Parce que les informations peuvent concerner des personnes mineures, il faut redoubler de prudence avec la confidentialité des données des apprenants, « notamment de ce que les techniques de learning analytics peuvent révéler d’eux ».
Dans son rapport de synthèse « France intelligence artificielle » daté du 21 mars 2017, le gouvernement précédant dévoile sa stratégie. Elle « vise à confirmer la place de la France dans ce domaine et à faciliter l’appropriation des technologies par les acteurs économiques ». Ce plan d’action a été commandé par Thierry Mandon, ancien secrétaire d’État chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche, et par Axelle Lemaire, alors secrétaire d’État au numérique. Une cinquantaine de propositions sont faites, comme celle du développement de « l’interdisciplinarité » ou celle de l’amélioration de l’environnement et l’appropriation des questions d’IA dans la société.