À l’heure où 87 000 élèves sont toujours sans affectation pour la rentrée 2017, se pose la question d’une refonte totale des dispositifs d’orientation. La fin d’APB a-t-elle sonné ?
Transformer l’éducation en profondeur : tel était le souhait du candidat Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle. Mais pour réformer l’enseignement français, ne faut-il pas commencer à sa source ? Avant de se lancer dans les études supérieures, les élèves de terminale doivent choisir leur orientation.
Cependant, depuis quelques années (auxquelles n’échappe malheureusement pas 2017), il semblerait que les méthodes d’orientation soient quelque peu… défaillantes. À commencer par le fait que, pendant la scolarité de l’enseignement secondaire (sept ans), l’élève ne rencontre qu’une à deux fois un conseiller d’orientation
Face aux innombrables possibilités d’études qui s’offrent à lui, le collégien, ou lycéen, doit construire seul le parcours qu’il entreprendra dès l’obtention de son baccalauréat.
Plusieurs d’entre eux vont chercher eux-mêmes l’information, sur des sites de référence comme l’Onisep, ou se font aider par d’autres sites web, à l’instar de Diplomeo, plateforme de mise en relation entre écoles et étudiants.
APB : le déclin de la « plateforme désincarnée »
Arrive le mois de janvier, où chaque année, pratiquement 100 000 terminales doivent se prononcer sur leur décision, via la plateforme APB, et attendre validation de leur choix vers le moins de juin.
Cette année, à la période où l’été devrait battre son plein, et les bacheliers avoir les doigts de pied en éventail sur le sable fin, la réalité est tout autre.
Parmi les 853 262 inscrits sur Admission Post Bac cette année, 87 000 n’ont eu aucune réponse concernant leur avenir au mois de septembre. Pourtant, cette presque centaine de milliers d’élèves avait formulé un vœu d’entrée à l’université. Cette dernière est ouverte à tous, sans prérequis aucun. En temps normal, tous les bacheliers doivent donc être admis d’office.
Sauf qu’en 2017, les facs sont prises d’assaut, et leurs murs ne sont pas extensibles. 92 d’entre elles ont eu recours au tirage au sort pour départager les malheureux candidats et définir qui aura sa place cette année.
Entrée à l’université : fin du tirage au sort
Le 17 juillet 2017, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, a tenu une concertation avec les principaux acteurs de ce domaine. « Nous devons en finir avec le traitement de masse, qui est la vraie cause de l’échec » a déclaré l’ex-présidente de l’université Nice Sophia-Antipolis.
Non acceptés dans leurs formations de premier choix, nombre d’élèves se rabattent sur l’université pour ne pas se trouver dépourvus quand la bise sera venue.
Problème ? La majorité d’entre eux sont des étudiants de filières technologiques et professionnelles.
Et que fait un candidat avec ce genre de profil à l’université ? Il coule, à pic. Selon les chiffres du ministère de l’Enseignement, ces élèves n’ont que 3 % de chances de réussite à la fac. Et c’est bien normal, car l’enseignement spécifique et pratique qu’ils ont acquis auparavant n’est absolument pas en adéquation avec l’offre pédagogique très théorique de l’université.
La ministre a profité de cette réunion de haute importance pour présenter « le contrat de réussite étudiant », la solution principale qui pourrait être mise en œuvre d’ici 2018.
Pensé par Macron dans son programme, qui souhaitait instaurer des prérequis à l’entrée en université, ce projet novateur serait le point de départ de la réforme sur l’orientation. Exit le tirage au sort et les coups du hasard, place à la sélection basée sur les aptitudes de chaque étudiant.
Le principe est simple : les universités devront répertorier les compétences attendues pour pouvoir suivre une formation. Ainsi, les élèves seront triés et départagés selon leurs parcours et expériences scolaires. Objectif ? Dissoudre le monopole d’une « plateforme désincarnée », favoriser l’orientation sur mesure, et freiner les erreurs de parcours.
Aucun plan de secours d’ici septembre
S’il semble être le traitement idéal pour la guérison du système d’orientation français, le contrat d’avenir étudiant mettra du temps à s’imposer. Pour l’heure, pas de solution dans l’immédiat : les établissements de formation publics cherchent encore comment augmenter leur capacité d’accueil.
Ce qui s’avère plutôt compliqué, si on se réfère à la colossale baisse des budgets de l’Enseignement supérieur annoncée le 13 juillet : moins 331 millions d’euros, pour 13,6 % de candidats supplémentaires.