Depuis l’affaire Weinstein, beaucoup d’entreprises ont décidé de réagir sur la gestion du harcèlement au travail. Les services des ressources humaines misent sur la formation des salariés.
Depus janvier, l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) a mis en place un groupe de travail afin d’aider les RH à mieux appréhender une situation de harcèlement au travail. Bénédicte Ravache, secrétaire générale de l’ANDRH se confie : « On forme nos adhérents pour qu’ils assurent que les conditions de travail soient favorables dès l’intégration des salariés ». Une formation en amont, qui devrait réduire quasiment à néant les situations de harcèlement dans le cadre professionnel.
En 2014, selon une étude publiée par le Défenseur des droits, seulement 18 % des actifs interrogés (9 % dans les sociétés de moins de 10 salariés) affirmaient que leur employeur avait mis en place des actions de prévention contre le harcèlement sexuel au travail. Quatre ans plus tard, où en est-on ?
Bénédicte Ravache reprend : « Après l » affaire Weinstein, fin 2017, beaucoup de responsables des ressources humaines nous ont sollicités pour obtenir des informations et des conseils. Tous voulaient être capables de faire face à de potentiels signalements ».
Dialoguer pour mieux prévenir
En entreprise, l’employeur n’a aucune obligation d’accompagner la victime dans le dépôt de plainte. Pourtant, il peut mettre en place des sanctions, allant parfois jusqu’au licenciement pour faute grave.
Selon des études, les victimes n’ont, pour la plupart, pas le réflexe de dénoncer les propositions insistantes subies sur le lieu de travail. Selon la sociologue du travail Aurélie Jeantet, le dialogue entre collègues permettrait aux victimes de pouvoir s’exprimer.
Gamification de la prévention anti-harcèlement
À l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), la demande a explosé. Depuis les scandales qui ont éclaté au grand public, le nombre de journées de formation dispensées en entreprise a été multiplié par quatre, entre 2016 et 2017.
L’objectif de ces modules est d’informer et débanaliser le nombre d’attitudes répréhensibles, jusqu’ici tolérées. Au programme : des quiz, des jeux de rôles, ou des cas pratiques tirés d’affaire réelle. Marilyn Baldeck, déléguée générale de l’AVFT, explique : « Lors de nos formations, on demande aux participants d’essayer de qualifier juridiquement telle ou telle situation, on leur donne des outils pour réagir ». Parmi ces petites mises en scène, l’organisation d’une représentation de théâtre participatif devant les salariés du Crous de Poitou-Charentes. « Le public était invité à monter sur scène pour prendre la place d’une personne en difficulté ou à incarner un témoin pour tenter de changer le cours des choses », raconte la juriste.