Le Compte Personnel de Formation (CPF) avait été présenté comme l’un des piliers de la réforme de 2014. Trois ans plus, il n’en reste qu’un goût d’échec.
Un parcours du combattant
Au moment de la loi du 5 mars 2014, il était impossible de ne pas entendre parler du Compte Personnel de Formation. Véritable pilier de la réforme, le CNEFOP (Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnels) en dresse aujourd’hui un portrait peu flatteur, n’hésitant pas à le réduire à une simple « communication gouvernementale ».
Dans son rapport de 2017, le CNEFOP revient sur ce qu’aurait du être le CPF, à savoir un moyen de remettre l’individu au centre en lui permettant de choisir sa propre formation. Il concerne 17 millions de salariés et est devenu l’un des processus administratifs les plus complexes, à en croire ceux qui s’y sont frottés.
Pour se former, chaque salarié doit passer par son CPF. Si vous pensiez qu’il suffisait de choisir une formation et de se mettre d’accord avec son employeur pour la suivre, détrompez-vous. Un employé doit passer une quinzaine d’étapes, ingéniées par des commissions (syndicales, parlementaires, administratives ou encore paritaires) avant d’obtenir ce qu’il souhaite.
Autre problème, trois ans après, il n’est toujours pas financé (son coût : 800 millions d’euros).
Un constat sombre
Le CPF a remplacé le DIF. On apprend dans les conclusions du CNEFOP que 175 000 dossiers CPF ont été validés l’an dernier, contre 600 000 DIF par an. Si l’on évoque des dossiers validés, nul n’est capable de nous dire combien de réalisations effectives ont eu lieu. En effet, un dossier validé administrativement n’a rien à voir avec une validation ferme. Il faut dire que de nombreux salariés se sont lancés dans le montage de leur dossier, mais ce sont arrêter en route, et ce pour de multiples raisons. Notamment parfois les coûts élevés restants à leur charge, ou encore le report de sessions de formation. La rumeur veut qu’en 2015, 75 % des salariés aient abandonné leur dossier…
La durée moyenne d’un CPF est de 84h (contre 24h pour le DIF). Cet écart a pu être possible, car le gouvernement a divisé par trois le nombre de personnes pouvant en profiter. Les Échos rappellent d’ailleurs qu’« au rythme de 1 % de salariés se formant en CPF chaque année, il faudra donc un siècle pour que chacun puisse en bénéficier. La réforme de 2018, censée booster le CPF, permettrait au mieux (en simplifiant et en confiant la totalité du 1 % employeur) de former 10 % des travailleurs salariés en France (ne parlons pas des fonctionnaires ou des indépendants qui n’auront toujours pas de budget). »
Cette différence de temps est aussi une solution apportée à ceux pour qui 24h de formation ne suffisait pas. Or, lorsque l’on regarde les 10 premières certifications réalisées via le CPF, on constate qu’il s’agit de formations courtes… Le Bulats, le Toeic, le TOSA arrivent en tête.
Le CNEFOP préconise quelques pistes pour améliorer la situation, notamment miser sur les apprentissages professionnels via une cotisation formation payée par toutes les entreprises, une cotisation payée en partie par le salarié et des formations se déroulant sur le temps libre des salariés.